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Un narghilé au lieu d’un digestif: les Tunisiens, le football et Berlin

Le Tunisien Noureddine Ben Redjeb est présentateur de radio, DJ et manager d’évènement. Il est emballé par la musique de tous les pays

Lorsque le coup de sifflet d’envoi sera donné pour la Coupe du Monde de football, le Tunisien Noureddine Ben Redjeb sera installé devant une télévision dans un bar berlinois. Comme lieu de rassemblement pour tous les fans des pays d’Afrique, qui seront en Allemagne pour faire la fête. Un sourire éclaire brièvement le visage sérieux de Ben Redjeb. «J’ai beaucoup de sympathie pour les petites nations», dit-il. «En particulier, si elles font en sorte que les grandes nations se ridiculisent.» Ce sera sans doute comme David contre Goliath. Car qui connaît déjà en Europe Centrale les équipes de Tunisie ou du Togo?

Nouri Ben Redjeb, né en 1954, est un homme songeur, quelqu’un qui donne des réponses rapides et simples. Il vit depuis 1975 à Berlin. Sa voix est connue des auditeurs de la radio «Multikulti», radio diffusée de la capitale en plusieurs langues. Les personnes branchées le connaissent des fêtes à la Maison des Cultures du Monde. Dans le bâtiment galbé des années cinquante situé près du quartier gouvernemental et que les Berlinois surnomment gentiment «l’huître enceinte», il prépare des programmes de musique, de danse et de théâtre.

Ben Redjeb s’emballe pour la musique de tous les pays. Pour lui, tout ce qui va facilement à la tête et au cœur sonne bien. En tant que DJ, il mixe de la musique d’Amérique Latine ainsi que des hits allemands des années 60 et 70 entre des sons arabes. C’est comme une rupture des frontières musicales, à laquelle se familiarisent les danseurs. Il s’agit pour lui de respecter les sonorités étrangères, peut-être même plus que les pays étrangers eux-mêmes.

Le DJ est un homme qui a beaucoup voyagé, qui compte Samarcande et Beyrouth parmi ses villes préférées. Dans son allemand résonne une légère intonation française et dans sa langue, il a conservé la richesse des images de l’arabe. Le Tunisien parle volontiers de la «diversité des cultures». Il souhaiterait que, dans une capitale européenne comme Berlin, les cultures se retrouvent dans une société commune. Pas sous la forme d’une unité, mais plutôt sous celle d’une scène pacifique, où elles feraient connaissance, se tolèreraient et se respecteraient. En bref: il rêve d’une fréquentation mutuelle de long terme – tout comme lors de ses soirées dansantes au son de la musique du monde.

Nouri Ben Redjeb a garni sa maison de placards de pharmacie. A l’intérieur de ces dernières sont entreposés ses trésors, classés par pays: d’innombrables disques et CD, tous minutieusement triés selon leur pays d’origine. De ce trésor profitent également des auditeurs qui n’avaient peut-être encore jamais écouté un titre de la chanteuse libanaise Fairuz. Les connaisseurs qualifient ses chansons de «Muchmali», ce qui signifie chaleureux, profond et beau.

Ces dernières années, la capitale allemande s’est beaucoup transformée aux yeux de Nouri Ben Redjeb.Autrefois, il considérait les Berlinois comme renfermés. Ils s’asseyaient dans le petit univers de leurs cafés du coin, ces «Molle und Korn» (bière et schnaps) comme on les appelait, prenaient place à la table poussiéreuse des habitués derrière des rideaux de tulle jaunis. De nos jours, ces cafés du coin disparaissent, et les bars libanais, indiens ou encore africains ouvrent dans les quartiers branchés – un narghilé au lieu d’un digestif.

«La nouvelle génération des jeunes de vingt ans est carrément différente», estime le Tunisien. «Ils ont été confrontés à plusieurs nationalités dès l’école. Ils ont appris des langues étrangères, sont plus tolérants, ouverts et curieux que leurs parents.» Aujourd’hui, dans les placards de cuisine de nombreux ménages, il y a souvent un paquet de couscous et le monde coloré des marchés turques du quartier de Kreuzberg est pour les jeunes un complément apprécié au quotidien allemand.

Pourtant Berlin serait encore loin d’être ce qu’elle pourrait être, pense Ben Redjeb. Les scènes cosmopolites resteraient souvent entre elles et ce serait en général les médias étrangers qui devraient attirer l’attention sur des artistes connus. «Pourtant les artistes et les musiciens sont une source de cette internationalité que la ville désire si intensément», déclare l’amateur de musique. «Berlin est toujours trop provinciale.»

Quelle: dpa - German Press Agency
Bild: Der Tunesier Nouri Ben Redjeb, ein Eventmanager im Haus der Kulturen Quelle: dpa - Deutsche Presse-Agentur GmbH

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